En prélude à la célébration de la Journée internationale des droits de la femme (JIF 2023), Aurore SAIZONOU, journaliste et Coordonnatrice du Réseau des femmes de la FerCAB, nous donne un perçu des actions et le rôle de ce réseau des femmes dans la promotion de la bonne gouvernance au sein de leur communauté.
Vous êtes à la tête du Réseau des Femmes des Radios Communautaires Assimilées du Bénin (ReFerCAB). Quels sont les attributs d’un tel réseau ?
Le ReFerCAB est un Réseau qui a vu le jour il y a un an. Il est constitué des femmes des radios communautaires et assimilés du Bénin, autrement dit des femmes membres de la fédération des radios communautaires et assimilés du Bénin (FerCAB). Actuellement, le réseau compte environ 120 femmes journalistes, techniciennes, animatrices, et membres de l’administration.
Le ReFerCAB est un réseau qui est né pour porter un appui à la FerCAB. L’analyse genre au niveau des radios membres de la FerCAB a démontré une faible participation des femmes dans tout ce qui concerne le développement de la radio. Il fallait donc élaborer une stratégie genre dont l’une des recommandations a été de mettre sur pied un réseau pour mieux s’occuper des questions du genre au sein de la fédération. C’est ainsi que le ReFerCAB a été créé en Mars 2022. Son objectif est de « Promouvoir le droit des femmes, la communication et l’information à travers le renforcement de capacités de ces femmes. » En un mot, il a pour but d’aider ces femmes à se prendre en charge, à favoriser leur accès aux formations et postes de responsabilités.
Quelle sont les différentes actions entreprises par la ReFerCAB pour la promotion du leadership féminin au sein des radios communautaires ?
Le réseau a à peine un an d’existence, mais il faut dire que nous avons déjà commencé par travailler en sourdine avant d’entrer en scène. La première chose que nous avons eu à accomplir, c’était de faire apparaitre la question du genre dans les textes et règlements de la FerCAB. Autre action, nous avons commencé par sensibiliser les responsables des radios sur l’importance de la présence et l’action des femmes pour le développement des radios communautaires. Ce qui a porté des fruits, puisque les femmes sont de plus en plus impliquées dans l’animation de la vie des radios membres.
Le réseau a après sa création, commencé par sensibiliser les femmes sur le potentiel de développement qu’elles représentent pour chacune de leur radio. Ce travail psychologique au niveau de ces femmes a pour but de faire sortir ces dernières de l’ombre et de les faire participer à la prise de décision dans les différents secteurs d’activités de la radio. Aujourd’hui, il y a bon nombre de femmes impliquées dans les ateliers de formation, séminaires, qui autrefois, n’impliquaient que des hommes. Les femmes prennent de plus en plus le lead, sont cheffes programme, rédactrices en chef, sont positionnées sur des contrats de partenariats etc. C’est déjà un plus et nous profitons pour dire merci aux directeurs qui ont compris et qui nous accompagnent dans ce sens-là.
L’influence des médias sur l’opinion du public n’est plus à démontrer. Pensez-vous que votre réseau, à travers la FerCAB joue sa carte dans la promotion de la bonne gouvernance et la redevabilité ?
La FerCAB est un partenaire de mise en œuvre du Programme Redevabilité et les femmes de la FerCAB sont aussi des partenaires de ce programme. Le Programme Redevabilité, a permis d’inculquer la notion de redevabilité au personnel des radios membres, dont fait partie les femmes du ReFerCAB. Aujourd’hui, la FerCAB fait des émissions interpellatives qui permettent aux autorités communales de pouvoir répondre aux préoccupations de la population sur les antennes. En exemple, « L’heure du Maire ». Nous avons également les entretiens, les magazines, les tables rondes, les micros programmes qui sont réalisées par les hommes et aujourd’hui beaucoup plus par les femmes du ReFerCAB. Donc c’est pour dire que cette influence se remarque surtout à travers les émissions proposées par les radios communautaires.
L’autre chose est que les femmes postulent de plus en plus aux concours sur la Redevabilité, la bonne gouvernance. Il y a des thématiques qui sont abordées par ces femmes et qui semblent avoir beaucoup d’impact sur les communautés. Je voudrais citer par exemple les émissions sur les questions liés à la santé, aux droits humains etc.
Les femmes font également des émissions à grand public sur nos antennes. Avant, elles n’avaient pas trop confiance en elle mais depuis quelques mois, je dirai que ces femmes-là ont cette possibilité, à travers les différents contrats, de participer, d’élaborer et de faire des émissions dans le sens de la redevabilité. Et ma foi, je crois quand même qu’elles contribuent énormément au progrès, à la promotion de la bonne gouvernance et la redevabilité.
La FerCAB a organisé du 10 au 12 février 2023, le Salon International de la Radio et du Numérique (SIRN). Que peut-on en retenir ? Et quelles sont vos attentes pour les prochaines éditions ?
Je peux dire d’abord que ce salon a été un succès pour une première expérience. Il a connu la participation de 8 pays (Togo, Niger, Mali, Burkina-Faso, la Centre-Afrique, l’Allemagne et la France et le Bénin). Et pour ce qu’on en espérait, c’était quand même une réussite. Par rapport à l’évolution du numérique, il fallait quand même discuter autour du modèle économique pour la radio à l’ère du numérique. Donc entre autres objectifs qui étaient fixés pour le salon, il fallait mutualiser les expériences en termes d’innovation, en matière de gestion des radios et surtout en matière du numérique. Alors les femmes des radios communautaires n’échappent pas à cette mutation engendrée par le numérique. D’ailleurs avec le thème de la journée internationale de la femme de cette année, la question du numérique est également revenue. Donc pour nous femmes du RéFerCAB, il fallait saisir l’opportunité du salon, afin de mieux nous imprégner des changements opérés dans le domaine des radios avec l’avènement du numérique. Et aussi mieux rendre, interroger, savoir désormais quel contenu donné à la population, à la communauté et sur quelle forme dans nos différentes productions.
Mot de la fin
Je crois que je vais saisir l’opportunité que vous m’offrez pour souhaiter une bonne fête à toutes les femmes et les inviter à prendre en compte le numérique, dans désormais tout ce qu’elles vont entreprendre. Je crois que le thème de l’édition 2024 de la journée internationale des droits de la femme : « Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes », va permettre de reconnaitre la contribution des femmes et des filles dans la promotion des avancées technologiques transformatrices et surtout dans le domaine de l’éducation. Je crois que c’est une opportunité que nous autres femmes, nous devrons saisir aujourd’hui dans un monde où la concurrence avec le numérique ne laisse de place à personne. Je voudrais donc inviter mes sœurs des radios communautaires à pouvoir saisir l’opportunité afin de donner un contenu vendable, quelques soit leur domaine d’intervention et de compétence.
Propos recueillis par : Gwladys ODIN